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précipitèrent dans un accès de dégoût ; la conscience publique s’était soulevée de nouveau contre le ministre des volontés suprêmes. Le peuple se trouva derrière les rangs de la garde nationale pour donner à la catastrophe sa vraie signification : depuis dix-huit ans il attendait cette initiative de la bourgeoisie, et se tenait prêt. Que mes contemporains le nient, s’ils l’osent, ou qu’ils en reviennent, s’ils peuvent ! Mais moi, je ne suis ni un vendu de la veille ni un renégat du lendemain ; et je jure que la bourgeoisie française, en renversant la dynastie qu’elle avait faite, a détruit en elle le principe de propriété.


VI.


24 FÉVRIER :


GOUVERNEMENT PROVISOIRE.


J’ai écrit quelque part que la société est une métaphysique en action, une sorte de logique qui se joue en proverbes. Ce que l’étude générale de l’histoire et celle plus approfondie de l’économie politique m’avaient révélé, les événements accomplis depuis deux ans me l’ont fait toucher du doigt.

Tout gouvernement s’établit en contradiction de celui qui l’a précédé : c’est là sa raison d’évoluer, son titre à l’existence. Le gouvernement de juillet fut une opposition à la légitimité, la légitimité une opposition à l’Empire, celui-ci une opposition au Directoire, lequel s’était établi en haine de la Convention, convoquée elle-même pour en finir avec la monarchie mal réformée de Louis XVI.

D’après cette loi d’évolution, le gouvernement de Louis-Philippe, renversé inopinément, appelait son contraire. Le 24 février avait eu lieu la déchéance du Capital ; le 25 fut inauguré le gouvernement du Travail. Le décret du Gou-