Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/163

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souscrivant, et 80 fr. le 1er mars 1856. Les coupons des actions du Crédit mobilier à échoir les 1er janvier et 1er juillet prochains seront acceptés comme argent en payement du premier terme des obligations, sur le pied de 200 fr.

« Les annonces qui ont été faites dans les journaux par la Compagnie du Crédit mobilier sont insérées au Moniteur exactement dans les mêmes termes.

« Le bruit si prématurément répandu dans le public, au mois d’août, que les actionnaires du Crédit mobilier allaient toucher immédiatement un dividende de 200 fr. en acceptant des obligations qui serviraient à augmenter le capital de la Compagnie, ce bruit a produit un effet que vous comprenez facilement. Tout le monde a couru après les actions du Crédit mobilier, et du taux déjà considérable de 1,200 fr., si je ne me trompe, vous les voyez monter, vers la fin d’août, au prix de 1,300 fr. et de 1,400 fr. Le 6 et le 8 septembre, les publications officielles certifient ce qui n’était encore qu’insinué, que glissé dans la rumeur publique. La hausse prend un élan nouveau. Elle atteint et dépasse 1,000 fr. avec la rapidité de l’éclair. Cette hausse, il est bien évident que c’est l’engagement pris par la Compagnie qui l’a produite.

« Mais voilà que paraît au Moniteur, sous la date du 28 septembre, c’est-à-dire l’avant-veille de la liquidation, et au mépris de la promesse de délivrer jusqu’au 5 octobre des obligations à quiconque apporterait des actions à la Compagnie du Crédit mobilier, un avis annonçant que la Société générale, pour entrer dans les vues du gouvernement, n’émettra pas d’obligations nouvelles.

« Vous comprenez, Messieurs, l’effet produit par un pareil avis. Autant les engagements formellement pris à l’appel fait à quiconque serait porteur d’actions avaient provoqué à acheter, autant la nouvelle que le payement immédiat du dividende en obligations n’aurait pas lieu devait provoquer à revendre. Aussi les actions qui avaient été à 1,655 fr. tombent subitement à 1,200, et même à 1,100 fr. Ainsi, dans l’espace de six semaines, il y avait eu hausse de 500 fr., tant sur la rumeur que sur l’annonce officielle que des obligations allaient être délivrées aux actionnaires, et en moins de vingt jours, il y a eu baisse de 500 fr., par suite de la rétractation spontanée de la Compagnie du Crédit mobilier. »

C’est à cette époque, et, — si nous sommes bien informé, — sur cette même opération décrite par Me Berryer, que les spéculateurs d’une seule ville de province, Nancy, per-