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Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/180

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satisfait aux dépens des actionnaires. Dès qu’il y a perte sur les nouveaux transports, la prospérité apparente qui semble ressortir de l’augmentation des produits n’est qu’une illusion qui peut tromper le vulgaire et servir des spéculations de Bourse, mais cette illusion ne tarde pas à faire place à la réalité, qui se résume, au bout du semestre, en une réduction des produits nets, c’est-à-dire des revenus des actionnaires. » (Journal des Chemins de fer.)

Il résulte du compte rendu de l’exploitation en 1854 que les combustibles minéraux ont été transportés, sur la ligne du Nord, au prix moyen de 3 c. 725, savoir : la houille à 3 c. 68, le coke à 3 c. 77.

Est-il possible que la Compagnie couvre ses frais à un taux aussi bas ? Les éléments nous manquent pour résoudre la question ; voici seulement ce que nous en savons.

Lorsque le gouvernement imposa aux compagnies le tarif de 5 c. par tonne et kilomètre pour le transport des céréales pendant la cherté, toutes s’empressèrent de déclarer qu’elles étaient trop heureuses de venir, par un sacrifice, en aide à l’alimentation publique.

« À ce propos, le journal la Presse prétendit que les compagnies pouvaient effectuer sans perte le transport des céréales à 3 centimes, parce que les frais pour le chemin du Nord, par exemple, ne revenaient qu’à 2 cent. 70.

« Le Journal des Chemins de fer répondit avec raison que la dépense représentée par ce chiffre ne se composait que des frais d’administration, d’exploitation, traction et entretien du matériel, de la voie et des bâtiments ; mais qu’il n’y était rien compté pour l’intérêt du capital employé à l’établissement du chemin et à l’acquisition du matériel, rien pour le renouvellement de ce qui doit être remplacé, rien encore pour l’amortissement de ce qui doit être abandonné gratuitement à l’État à la fin de la concession.

« Le Journal des Chemins de fer établit ensuite que le prix de revient réel, au chemin du Nord, est de 5 cent. 49 par tonne kilométrique ; il conclut que les compagnies, en transportant les céréales à 5 centimes, font un véritable sacrifice[1]. »

  1. Des Réformes à opérer dans l’Exploitation des Chemins de fer, page 94. Paris, 1855, Garnier frères. — S’il était permis à un auteur de s’appeler lui-même en témoignage, nous nous bornerions à indiquer ici le titre de ce livre, que nous aurons plus d’une fois encore l’occasion de citer dans le cours du présent Manuel. Mais la vérité nous oblige à reconnaître une paternité, qui ne fut d’ailleurs jamais un secret. Le lecteur appréciera.