Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/19

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narchie industrielle, ce n’est encore qu’une crise, qui doit passer comme la première :

Sic erat instabilis tellus, innabilis unda.

Anarchie ou féodalité, en effet, l’histoire le démontre, c’est toujours le défaut d’équilibre, l’antagonisme, la guerre sociale, auxquels, dans l’état actuel des esprits, on ne saurait imaginer de remède qu’au moyen d’une concentration plus puissante, d’un troisième terme sériaire, que nous nommerons, sans nulle intention maligne, EMPIRE INDUSTRIEL.

Tout nous y pousse : la tradition monarchique, les analogies de l’histoire, l’instinct populaire, les préjugés de la démocratie.

Ici du moins nous aurons l’accord, l’unité, aux jacobins si chère, le silence et la paix. Mais aurons-nous la liberté ? aurons-nous l’égalité ? aurons-nous le droit ?

L’EMPIRE INDUSTRIEL n’est autre chose que le principe anarchique lui-même, le fameux laissez faire, laissez passer, poussé à son extrême conséquence ; une réduction à l’absurde de l’économie politique classique et officielle, en un mot une contradiction.

Or, une contradiction n’est pas le droit, encore moins la liberté et l’égalité.

Et sans liberté, sans égalité, sans droit, la crise ne finit pas ; elle est seulement à sa troisième phase.

Voilà pourquoi le gouvernement de Napoléon III, il faut rendre à sa modération la justice qu’elle mérite, résiste tant qu’il peut à cette logique des idées, à cette fatalité implacable des choses, qui le pousse, malgré qu’il en ait, à se faire d’empire politique empire industriel ; voilà pourquoi il s’accroche aux institutions féodales sauvées