Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ensuite que le rendement de la voie n’est que de 7 1/2 0/0. Les actions tombent de 1,000 à 650 : différence 350 par action que perdent les acquéreurs et seconds actionnaires. — Charlatanerie macairienne : spéculation !

Après la révolution de 1848, il fut longtemps question d’annuler la concession du chemin de fer de Lyon. La compagnie n’avait pu fournir son cautionnement, elle était dans l’impossibilité d’exécuter, et sollicitait l’annulation de ses engagements. Les actions tombèrent au plus bas. Grâce à l’Assemblée législative, qui prit l’affaire en main, un nouveau cahier des charges fut rédigé, de nouvelles conventions faites, une loi votée par les représentants du pays. Le lendemain du vote, les actions haussaient dans une seule Bourse de 400 fr. — Abus des influences : spéculation !

Depuis le 2 décembre 1851, les chemins de fer ne se donnent plus par adjudication, mais par concession directe. Les coalitions entre compagnies soumissionnaires étant devenues impossibles, le génie spéculatif s’est reporté tout entier sur la sollicitation. Or, il est bien difficile, quelle que soit l’intégrité des dépositaires du pouvoir, qu’ils échappent aux filets des soi-disants spéculateurs. Supposons qu’ils trouvent moyen de se faire appuyer auprès du prince par les représentants plus ou moins accrédités d’un gouvernement ami. — Intrigue diplomatique : spéculation !

Une compagnie de chemin de fer achète la batellerie des rivières et canaux qui pourraient faire à sa ligne une concurrence dangereuse, pour le transport, soit des marchandises, soit des voyageurs. Le prix du matériel est de 10 millions. Or, il n’est pas permis à tout le monde d’aller à Corinthe, disait Démosthène. Un capital de 10 millions ne se souscrira pas en un jour, surtout en présence de la rivalité d’un chemin de fer. La navigation est anéantie : le public, dépouillé d’une industrie précieuse, est rançonné. — Monopole : spéculation !

Une compagnie s’était formée pour l’exploitation d’une industrie minéralogique. Les bénéfices de la fabrication ne paraissant point à cette compagnie assez considérables, elle songe à se faire acheter, avec indemnité, par l’État. En con-