No 1. — Compagnie Rothschild : elle attend pour créer son matériel la décision du gouvernement. — Subvention demandée, 10 millions.
No 2. — Compagnie Gauthier frères. — Subvention demandée, 11,500,000 fr.
No 3. — Grande Compagnie Maritime. — Subvention demandée, 16 millions.
On croit que chaque Compagnie aura une part.
En attendant que l’Empereur ou le Corps législatif, car il s’agit ici d’une loi de finance, prononce sur l’adjudication, la Compagnie Franco-Américaine soutient seule le poids de la concurrence anglaise, qui vient jusque dans le port du Havre enlever les consignations du pays, et avec laquelle elle a été forcée de s’entendre.
Ces faits prouvent de plus en plus ce que nous avons relevé ailleurs en traitant des chemins de fer, savoir : que la prospérité de toutes ces formidables Compagnies dépend moins de l’importance de leur trafic et de l’habileté de leur administration que du monopole dont elles jouissent et des secours de l’État. Pour payer la régularité et la vitesse, il faut, ou des tarifs élevés, ou de larges subventions, quelquefois les deux ensemble : ce qui veut dire que la nation seule est capable de se rendre certains services, et que les demander, moyennant subvention, à des Compagnies, c’est livrer la fortune publique, organiser le favoritisme, la corruption et la cherté.
Les mêmes faits montrent quelle anarchie d’idées règne dans les hautes régions de l’industrie et du pouvoir.
Si le libre-échange, aujourd’hui en faveur auprès du gouvernement, est une vérité, pourquoi ce régime de subventions et de priviléges, qui lui donne un si éclatant démenti ? Pourquoi ne pas traiter tout de suite avec l’Anglais, avec l’Américain, qui nous offrent leurs services à prix réduit ? Que signifie cette gloriole d’un service national ?…
Si au contraire c’est la protection qui est vraie et légitime, pourquoi souffrir que dans nos propres ports la marine de l’étranger fasse à la nôtre une concurrence désastreuse ? Avons-nous des engagements secrets qui nous lient ? et fau-