Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/475

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dendes et frais à la charge du public, 6 0/0 au moins du capital, représentent un revenu annuel de 1,800 millions. — Ajoutez 1.200 millions de frais d’État, plus un milliard de loyers et fermages non absorbés par l’hypothèque, et qui tôt ou tard entreront dans le système, et vous arrivez du premier coup à un tribut de 4 milliards, que la nation travailleuse doit prélever chaque année sur une production moyenne de 9 milliards, pour nourrir, béatifier et défendre contre soi son aristocratie. Nous avons aboli en 89 les droits féodaux : qu’était-ce à côté de ces 4 milliards ? Évalués en argent, il n’y en avait pas pour 20 millions.

Le mouvement se poursuit donc et tend à se généraliser, englobant à leur tour la propriété foncière et l’industrie agricole. Cela est inévitable : et tel est le principe supérieur de ce qu’on appelle aujourd’hui, sans y rien comprendre, la Crise.

Les causes de la crise, en effet, sont de plusieurs sortes.

Il y en a d’accidentelles, comme la dépréciation de l’or, les exportations de numéraire pour l’armée d’Orient, les mauvaises récoltes, les inondations, etc. Ces causes peuvent être jusqu’à certain point conjurées, leurs effets réparés. La prévoyance à cet égard sera d’autant plus efficace que la constitution économique du pays se rapprochera davantage de l’égalité mutuelliste, de la vraie démocratie. Dans le cas contraire, le mal produit par les sinistres sera en raison directe de la hiérarchisation des fortunes : et comme chaque époque, chaque année, chaque saison a sa part de calamités, on peut dire que, dans une mesure plus ou moins grande, la force majeure et ses coups imprévus doivent être imputés à la mauvaise économie : ce qui les fait rentrer dans la catégorie suivante.

Il y a ensuite les causes organiques et constitutionnelles :

1° Exorbitance du capital engagé dans l’outillage industriel, notamment dans les chemins de fer. — Ce capital, sans doute, est très-productif pour les Compagnies qui ont obtenu le privilége des exploitations. Mais, comme en dernière analyse ce même capital n’a guère fait autre chose que sup-