donné au pouvoir par la Bourse : les fonds baissent, les on dit circulent, l’inquiétude se propage, jusqu’à ce qu’une communication du Moniteur, démentant ces bruits absurdes, vienne témoigner des intentions pacifiques du gouvernement et ramener les esprits.
Jadis tout se faisait par les femmes, aujourd’hui tout se règle par les intérêts. Une rumeur étrange circule et répand la consternation dans le monde privilégié. La vénalité des offices est en danger ! Le gouvernement, cédant à l’on ne sait quelle inspiration, va doubler le nombre des agents de change et changer la condition du notariat !… Le signal d’alarme est donné : les fonds baissent, les commentaires ne sont point épargnés ; le public, qui croit plus à la Bourse qu’à la fortune de César, se dit que le pouvoir n’a plus la confiance du pays. On ralentit les achats et les ventes, on renvoie les ouvriers, la Grève se peuple d’une tourbe menaçante et désœuvrée. — Le Moniteur s’empresse de désavouer des intentions perfides, il accuse la malveillance de ces bruits calomnieux : aussitôt la Bourse répond par des vivat ! Cinquante centimes de hausse, et l’incident est terminé.
Quelques mesures de police à l’occasion de la mauvaise récolte de 1853 et des achats de blé faits par l’administration font craindre aux spéculateurs que le gouvernement, se faisant l’organe des méfiances populaires, n’entrave la liberté du commerce des grains. On se demande s’il aurait la prétention, avec les fonds du Trésor et la marine militaire, de pourvoir seul au déficit ; s’il serait en mesure de transporter et payer 10 millions d’hectolitres de céréales ? À moins de cela, tout ce que le gouvernement pourrait faire contre la spéculation ne servirait qu’à décourager le commerce et à compromettre l’approvisionnement du pays. La Bourse s’agite ; et bientôt des explications officielles viennent calmer les inquiétudes des négociants et rendre l’essor aux transactions. L’entente devient alors si complète, si cordiale entre la spéculation et le pouvoir, qu’elle servira de thème à la première moitié du message impérial. Ce qui depuis un siècle était passé à l’état d’axiome pour les gens instruits, la libre circulation des grains, exprimé par une