Page:Proudhon - Qu’est-ce que la propriété.djvu/132

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sont égales entre elles, comme, dans une même fonction, les travailleurs sont égaux entre eux.

On s’étonne que je refuse au génie, à la science, au courage, en un mot à toutes les supériorités que le monde admire, l’hommage des dignités, les distinctions du pouvoir et de l’opulence. Ce n’est pas moi qui le refuse, c’est l’économie, c’est la justice, c’est la liberté qui le défendent. La liberté ! pour la première fois j’invoque son nom dans ce débat : qu’elle se lève dans sa propre cause, et qu’elle achève sa victoire.

Toute transaction ayant pour but un échange de produits ou de services, peut être qualifiée opération de commerce.

Qui dit commerce dit échange de valeurs égales ; car si les valeurs ne sont point égales, et que le contractant lésé s’en aperçoive, il ne consentira pas à l’échange, et il ne se fera point de commerce.

Le commerce n’existe qu’entre hommes libres : partout ailleurs il peut y avoir transaction accomplie avec violence ou fraude, il n’y a point de commerce.

Est libre : l’homme qui jouit de sa raison et de ses facultés, qui n’est ni aveuglé par la passion, ni contraint ou empêché par la crainte, ni déçu par une fausse opinion.

Ainsi, dans tout échange, il y a obligation morale à ce que l’un des contractants ne gagne rien au détriment de l’autre ; c’est-à-dire que, pour être légitime et vrai, le commerce doit être exempt de toute inégalité ; c’est la première condition du commerce. La seconde condition est qu’il soit volontaire, c’est-à-dire que les parties transigent avec liberté et pleine connaissance.

Je définis donc le commerce ou l’échange, un acte de société.

Le nègre qui vend sa femme pour un couteau, ses enfants pour des grains de verre, et lui-même enfin pour une bouteille d’eau-de-vie, n’est pas libre. Le marchand de chair humaine avec lequel il traite n’est pas son associé, c’est son ennemi.

L’ouvrier civilisé qui donne sa brasse pour un morceau