Page:Proudhon - Qu’est-ce que la propriété.djvu/180

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reçoit une nouvelle activité du second, la famine se joignant à l’usure pour rendre le travail tout à la fois plus nécessaire et plus rare.

D’après les principes du commerce et de l’économie politique, pour qu’une entreprise industrielle soit bonne, il faut que son produit soit égal : 1o à l’intérêt du capital ; 2o à l’entretien de ce capital ; 3o à la somme des salaires de tous les ouvriers et entrepreneurs ; de plus, il faut autant que possible qu’il y ait un bénéfice quelconque de réalisé.

Admirons le génie fiscal et rapace de la propriété : autant l’aubaine prend de noms différents, autant de fois le propriétaire prétend la recevoir : 1o sous forme d’intérêt ; 2o sous celle de bénéfices. Car, dit-il, l’intérêt des capitaux fait partie des avances de fabrication. Si l’on a mis 100,000 francs dans une manufacture, et que, dépenses prélevées, on recueille 5,000 francs dans l’année, on n’a pas de profit, on a seulement l’intérêt du capital. Or, le propriétaire n’est pas homme à travailler pour rien : semblable au lion de la fable, il se fait payer chacun de ses titres, de manière qu’après qu’il est servi, il ne reste rien pour les associés.

Ego primam tollo, nominor quia leo :
Secundam quia sum fortis tribuetis mihi :
Tum quia plus valeo, me sequetur tertia :
Malo adficietur, si quis quartam tetigerit.

Je ne connais rien de plus joli que cette fable.

Je suis entrepreneur, je prends la première part :
Je suis travailleur, je prends la seconde :
Je suis capitaliste, je prends la troisième :
Je suis propriétaire, je prends tout.

En quatre vers, Phèdre a résumé toutes les formes de la propriété.

Je dis que cet intérêt, à plus forte raison ce profit, est impossible.