Page:Proudhon - Qu’est-ce que la propriété.djvu/194

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« France. En 1544, François Ier institue une taxe d’aumône pour les pauvres, avec contrainte pour l’acquittement. 1566, 1586 rappellent le principe en l’appliquant à tout le royaume.

« Sous Louis XIV, 40,000 pauvres infestaient la capitale (autant, à proportion, qu’aujourd’hui). Des ordonnances sévères furent rendues sur la mendicité. En 1740, le Parlement de Paris reproduit pour son ressort la cotisation forcée.

« La Constituante, effrayée de la grandeur du mal et des difficultés du remède, ordonne le statu quo.

« La Convention proclame comme dette nationale l’assistance à la pauvreté. — Sa loi reste sans exécution.

« Napoléon veut aussi remédier au mal : la pensée de sa loi est la réclusion. « Par là, disait-il, je préserverai les riches de l’importunité des mendiants et de l’image dégoûtante des infirmités de la haute misère. » Ô grand homme !

De ces faits, que je pourrais multiplier bien davantage, il résulte deux choses : l’une que le paupérisme est indépendant de la population, l’autre que tous les remèdes essayés pour l’éteindre sont restés sans efficacité.

Le catholicisme fonda des hôpitaux, des couvents, commanda l’aumône, c’est-à-dire encouragea la mendicité : son génie, parlant par ses prêtres, n’alla pas plus loin.

Le pouvoir séculier des nations chrétiennes ordonna tantôt des taxes sur les riches, tantôt l’expulsion et l’incarcération des pauvres, c’est-à-dire d’un côté la violation du droit de propriété, de l’autre la mort civile et l’assassinat.

Les modernes économistes s’imaginant que la cause du paupérisme gît tout entière dans la surabondance de population, se sont attachés surtout à comprimer son essor. Les uns veulent qu’on interdise le mariage au pauvre, de sorte qu’après avoir déclamé contre le célibat religieux, on propose un célibat forcé, qui nécessairement deviendra un célibat libertin.

Les autres n’approuvent pas ce moyen, trop violent, et qui ôte, disent-ils, au pauvre le seul plaisir qu’il connaisse au monde. Ils voudraient seulement qu’on lui recommandât la