Page:Proudhon - Qu’est-ce que la propriété.djvu/197

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D’après les renseignements que j’ai pu recueillir, les remèdes au paupérisme et à la fécondité, indiqués par l’usage constant des nations, par la philosophie, par l’économie politique et par les réformateurs les plus récents, sont compris dans la liste suivante : masturbation, onanisme[1], pédérastie, tribadie, polyandrie[2], prostitution, castration, réclusion, avortement, infanticide[3].

L’insuffisance de tous ces moyens étant prouvée, reste la proscription.

Malheureusement, la proscription, en détruisant les pauvres, ne ferait qu’en accroître la proportion. Si l’intérêt prélevé par le propriétaire sur le produit est seulement égal au vingtième de ce produit (d’après la loi, il est égal au vingtième du capital), il s’ensuit que 20 travailleurs ne produisent que pour 19, parce qu’il y en a un parmi eux qu’on appelle propriétaire, et qui mange la part de deux. Supposons que le 20e travailleur, l’indigent, soit tué, la production de l’année suivante sera diminuée d’un 20e ; par conséquent, ce sera au 19e à céder sa portion et à périr. Car, comme ce n’est pas le 20e du produit de 19 qui doit être payé au propriétaire, mais le 20e du produit de 20 (voyez 3e proposition), c’est un 20e plus un 400e de son produit que chaque travailleur survivant doit se retrancher ; en d’autres termes, c’est un homme sur 19 qu’il faut occire. Donc avec la propriété, plus on tue de pauvres, plus il en renaît à proportion.

  1. Hoc inter se differunt onanismus et manuspratio, nempe quod hæc à solitario exercetur, ille autem à duobus reciprocatur, masculo scilicet et fæminâ. Porro fœdam hanc onanismi venerem ludentes uxoria mariti habent nunc omnium suavissimam.
  2. Polyandrie, pluralité des maris.
  3. L’infanticide vient d’être publiquement demandé en Angleterre, dans une brochure dont l’auteur se donne pour disciple de Malthus. Il propose un massacre annuel des innocents dans toutes les familles dont la progéniture dépasserait le nombre fixé par la loi : et il demande qu’un cimetière magnifique, orné de statues, de bosquets, de jets d’eau, de fleurs, soit destiné à la sépulture spéciale des enfants surnuméraires. Les mères iraient dans ce lieu de délices rêver au bonheur de ces petits anges, et toutes consolées reviendraient en faire d’autres qu’on y enverrait à leur tour.