Page:Proudhon - Qu’est-ce que la propriété.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

puissant de l’histoire, la cause la plus féconde des mouvements politiques. Les exemples en sont trop nombreux et trop éclatants pour que je m’arrête à les rapporter.

Or, la propriété engendre nécessairement le despotisme, le gouvernement du bon plaisir, le règne d’une volonté libidineuse : cela est tellement de l’essence de la propriété qu’il suffit, pour s’en convaincre, de rappeler ce qu’elle est, et de rappeler ce qui se passe autour de nous. La propriété est le droit d’user et d’abuser. Si donc le gouvernement est économie, s’il a pour objet unique la production et la consommation, la distribution des travaux et des produits, comment avec la propriété le gouvernement est-il possible ? Si les biens sont des propriétés, comment les propriétaires ne seraient-ils pas rois et rois despotiques, rois en proportion de leurs facultés bonitaires ? Et si chaque propriétaire est majesté souveraine dans la sphère de sa propriété, roi inviolable dans toute l’étendue de son domaine, comment un gouvernement de propriétaires ne serait-il pas un chaos et une confusion ?

Donc, point de gouvernement, point d’économie publique, point d’administration possible, avec la propriété pour base.


§ 3. Détermination de la troisième forme sociale :
Conclusion.


La communauté cherche l’égalité et la loi : la propriété, née de l’autonomie de la raison et du sentiment du mérite personnel, veut sur toutes choses l’indépendance et la proportionnalité.

Mais la communauté, prenant l’uniformité pour la loi, et le nivellement pour l’égalité, devient tyrannique et injuste : la propriété, par son despotisme et ses envahissements, se montre bientôt oppressive et insociable.

Ce que veulent la communauté et la propriété est bon : ce qu’elles produisent l’une et l’autre est mauvais. Et pourquoi ? parce que toutes deux sont exclusives, et méconnaissent, chacune de son côté, deux éléments de la société.