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mule tout algébrique. Par cette méthode d’examen, nous arrivons bientôt à reconnaître que tous les raisonnements que l’on a imaginés pour défendre la propriété, quels qu’ils soient, concluent toujours et nécessairement à l’égalité, c’est-à-dire, à la négation de la propriété.

Cette première partie comprend deux chapitres : l’un, relatif à l’occupation, fondement de notre droit ; l’autre relatif au travail et au talent, considérés comme causes de propriété et d’inégalité sociale.

La conclusion de ces deux chapitres sera, d’une part, que le droit d’occupation empêche la propriété ; de l’autre, que le droit du travail la détruit.

II. La propriété étant donc conçue nécessairement sous la raison catégorique d’égalité, nous avons à chercher pourquoi, malgré cette nécessité de logique, l’égalité n’existe pas. Cette nouvelle recherche comprend aussi deux chapitres : dans le premier, considérant le fait de la propriété en lui-même, nous cherchons si ce fait est réel, s’il existe, s’il est possible ; car il impliquerait contradiction que deux formes socialistes opposées, l’égalité et l’inégalité, fussent l’une et l’autre possibles. C’est alors que nous découvrons, chose singulière, qu’à la vérité la propriété peut se manifester comme accident, mais que, comme institution et principe, elle est impossible mathématiquement. En sorte que l’axiome de l’école, ab actu ad posse valet consecutio, du fait à la possibilité la conséquence est bonne, se trouve démenti en ce qui concerne la propriété.

Enfin, dans le dernier chapitre, appelant à notre aide la psychologie, et pénétrant à fond dans la nature de l’homme, nous exposerons le principe du juste, sa formule, son caractère ; nous préciserons la loi organique de la société ; nous expliquerons l’origine de la propriété, les causes de son établissement, de sa longue durée, et de sa prochaine disparition ; nous faiblirons définitivement son identité avec le vol ; et, après avoir montré que ces trois préjugés, souveraineté de l’homme, inégalité des conditions, propriété, n’en font qu’un, qu’ils se peuvent prendre l’un pour l’autre et sont réciproquement convertibles, nous n’aurons pas de