Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 1, Garnier, 1850.djvu/209

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sa productivité est nécessairement moindre, et son service trop cher. Qu’on dise après cela que le gouvernement traite bien ses salariés, qu’il s’occupe de leur bien-être : où donc est la merveille ? Comment ne voit-on pas que c’est la liberté qui porte les charges du privilège, et que si, par impossible, toutes les industries étaient traitées comme celle des tabacs, la source des subventions venant à manquer, la nation ne pourrait plus équilibrer ses recettes et ses dépenses, et l’État ferait banqueroute ?

Produits étrangers. — Je cite le témoignage d’un savant, étranger à l’économie politique, M. Liebig. — « Anciennement, la France importait d’Espagne, chaque année, pour 20 à 30 millions de francs de soude ; car la soude d’Espagne était la meilleure. Pendant toute la durée de la guerre avec l’Angleterre, le prix de la soude, et par conséquent celui du savon et du verre, allèrent sans cesse en augmentant. Les manufactures françaises eurent donc à souffrir considérablement de cet état de choses. Ce fut alors que Leblanc découvrit les moyens d’extraire la soude du sel commun. Ce procédé fut pour la France une source de richesses : la fabrication de la soude prit une extension extraordinaire ; mais ni Leblanc, ni Napoléon ne jouirent du bénéfice de l’invention. La Restauration, qui profita de la colère des populations contre l’auteur du blocus continental, refusa d’acquitter la dette de l’empereur, dont les promesses avaient sollicité les découvertes de Leblanc… »

« Il y a quelques années, le roi de Naples ayant entrepris de convertir en monopole le commerce des soufres en Sicile, l’Angleterre, qui consomme une immense quantité de ces soufres, dénonça le cas de guerre au roi de Naples, si le monopole était maintenu. Pendant que les deux gouvernements échangeaient des notes diplomatiques, quinze brevets d’invention furent pris en Angleterre pour l’extraction de l’acide sulfurique des plâtres, pyrites de fer, et autres substances minérales dont l’Angleterre abonde. Mais, l’affaire s’étant arrangée avec le roi de Naples, il ne fut pas donné suite à ces exploitations : il resta seulement acquis, d’après les essais qui furent faits, que l’extraction de l’acide sulfurique par les nouveaux procédés aurait été suivie du succès : ce qui au-