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Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 1, Garnier, 1850.djvu/225

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jumelle de l’économie politique, de voir en moins d’un lustre ses graves prévisions démenties : mais il est plus triste encore pour une grande nation d’être menée par de si pauvres génies, et de glaner les quelques idées qui la font vivre dans la broussaille de leurs écrits.

En théorie, nous avons démontré que la concurrence, par son côté utile, devait être universelle et portée à son maximum d’intensité ; mais que, sous son aspect négatif, elle doit être partout étouffée, jusqu’au dernier vestige. Les économistes sont-ils en mesure d’opérer cette élimination ? en ont-ils prévu les conséquences, calculé les difficultés ? En cas d’affirmative, j’oserais leur proposer le cas suivant à résoudre.

Un traité de coalition, ou plutôt d’association, car les tribunaux seraient fort embarrassés de définir l’une et l’autre, vient de réunir dans une même compagnie toutes les mines de houille du bassin de la Loire. Sur la plainte des municipalités de Lyon et de Saint-Étienne, le ministre a nommé une commission chargée d’examiner le caractère et les tendances de cette effrayante société. Eh bien ! je le demande, que peut ici l’intervention du pouvoir, assisté de la loi civile et de l’économie politique ?

On crie à la coalition. Mais peut-on empêcher les propriétaires de mines de s’associer, de réduire leurs frais généraux et d’exploitation, et de tirer, par un travail mieux entendu, un parti plus avantageux de leurs mines ? leur ordonnera-t-on de recommencer leur ancienne guerre, et de se ruiner par l’augmentation des dépenses, par le gaspillage, par l’encombrement, le désordre, la baisse des prix ? Tout cela est absurde.

Les empêchera-t-on d’augmenter leurs prix, de manière à retrouver l’intérêt de leurs capitaux ? Alors qu’on les défende eux-mêmes contre les demandes d’augmentation de salaire de la part des ouvriers ; qu’on refasse la loi sur les sociétés en commandite ; qu’on interdise le commerce des actions ; et quand toutes ces mesures auront été prises, comme les capitalistes propriétaires du bassin ne peuvent sans injustice être contraints de perdre des capitaux engagés sous un régime différent, qu’on les indemnise.

Leur imposera-t-on un tarif ? C’est une loi de maximum.