maîtres, ne se révolte pas ! Non, par les flammes de Némésis ! quand le peuple n’a plus de vengeances, il n’y a plus de Providence.
Les exterminations en masse du monopole n’ont pas encore trouvé de poëtes. Nos rimeurs, étrangers aux affaires de ce monde, sans entrailles pour le prolétaire, continuent de soupirer à la lune leurs mélancoliques voluptés. Quel sujet de méditations cependant, que les misères engendrées par le monopole !
C’est Walter Scott qui parle ;
« Autrefois, il y a déjà bien des années, chaque villageois avait sa vache et son porc, et son enclos autour de la maison. Là où un seul fermier laboure aujourd’hui, trente petits fermiers vivaient autrefois ; de sorte que, pour un individu plus riche à lui seul, il est vrai, que les trente fermiers de l’ancien temps, il y a maintenant vingt-neuf journaliers misérables, sans emploi pour leur intelligence et pour leurs bras, et dont plus de moitié est de trop. La seule fonction utile qu’ils remplissent est de payer, quand ils peuvent, une rente de 60 schellings par an, pour les cabanes qu’ils habitent. »
Une ballade moderne, citée par E. Buret, chante la solitude du monopole :
Le rouet est silencieux dans la vallée ;
C’en est fait des sentiments de famille.
Sur un peu de fumée le vieil aïeul
Étend ses mains pâles ; et le foyer vide
Est aussi désolé que son cœur.
Les rapports produits au parlement rivalisent avec le romancier et le poëte.
« Les habitants de Glensheil, dans les environs de la vallée de Dundee, se distinguaient autrefois de tous leurs voisins par la supériorité de leurs qualités physiques. Les hommes étaient de haute stature, robustes, actifs et courageux ; les femmes avenantes et gracieuses. Les deux sexes possédaient un goût extraordinaire pour la poésie et la musique. Maintenant, hélas ! une longue épreuve de la pauvreté, la privation prolongée de nourriture suffisante, de vêtements convenables, ont profondément détérioré cette race qui était remarquablement belle. »