Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 2, Garnier, 1850.djvu/114

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pour le porteur à la possession actuelle de la somme portée sur ce billet ; c’est ainsi pareillement que le prix stipulé et accepté d’une marchandise vendue peut devenir monnaie, sous la forme d’une lettre de change.

On demande donc comment on fera participer au bénéfice de la circulation, comment l’on fera servir au crédit, non-seulement l’argent, non-seulement les billets qui représentent l’argent, non-seulement enfin les lettres de change, et autres obligations à terme fixe et protestable, qui représentent une valeur vendue et livrée ; mais encore les valeurs invendues, les instruments de travail servant à la production de ces valeurs, la terre, le travail même ?

Et voici ce que répond M. Cieszkowski.

Si, après avoir évalué tant en capital qu’en revenu toutes les richesses mobilières et immobilières d’une nation, on faisait des titres de propriété des billets échangeables, acceptables à l’impôt et en toute nature de payement, déduction faite d’une partie aliquote (moitié, tiers ou quart de la valeur de la chose) pour la garantie du porteur, on aurait, dans ce nouvel agent de la circulation,

1° Un gage parfait, puisque ce gage serait, comme les lingots et les tonnes d’or de la banque, un capital existant, réel et non plus fictif ;

2° Un signe parfait, puisqu’il serait éminemment portatif, et de nulle valeur intrinsèque ;

3° Une monnaie productive, puisqu’elle serait le titre de propriété de capitaux en pleine production.

Du reste, ces billets n’aboliraient pas l’usage de la monnaie ; ils le réduiraient seulement et le restreindraient à un rôle secondaire. Ils ne feraient pas cesser non plus la fiction des billets de banque et papiers-monnaies ; mais, bien que la monnaie et les billets de confiance eussent servi, pour ainsi dire, de paradigme à la création des nouveaux effets, ceux-ci les domineraient de toute la hauteur d’une combinaison organique sur ses principes constituants, et les retiendraient dans de justes bornes.

L’auteur entre ensuite dans de longs détails sur l’organisation de l’agence centrale d’où partirait cette vaste émission de valeurs ; sur la hiérarchie des banques secondaires ; sur les précautions à prendre, la marche à suivre, les exemples à l’appui. Il ne manque plus à son projet que d’agréer à quelque fantôme d’homme d’état, qui, le comprenant aux