Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 2, Garnier, 1850.djvu/351

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Je dis donc que les effets d’une semblable pratique seraient, à l’égard de la société, tout aussi funestes ; à l’égard de la misère, tout aussi inefficaces que ceux des précédentes. Avec ce moyen facile de jouir sans payer, et de pécher sans être surpris, la pudeur n’est plus qu’un sot et incommode préjugé, le mariage une convention gênante et inutile. Le respect des familles sera foulé aux pieds ; garçons et filles, dès l’enfance initiés au doux mystère, perdront bientôt la force de l’âme et la dignité du caractère ; des mœurs inconnues, pires que celles de Otaïtiens, s’établiront dans la société civilisée ; le travail baissera devant la spéculation ; et la misère, contre laquelle chacun aura cru trouver un refuge dans un célibat libidineux, la misère entretenue par le monopole, l’usure, la division parcellaire, l’inégalité des fonctions et des aptitudes, vengera de nouveau la nature par la dépopulation du sol, la stérilité des capitaux et la déchéance des races. La vérité sociale ne peut se trouver là : qu’avons-nous besoin d’approfondir davantage ?

4o Système de l’allaitement triennal[1].

L’auteur de ce système commence par répudier les théories absurdes, immorales et barbares, de polygamie, polyandrie, amour unisexuel, avortement, etc., etc., dont nous avons fait en partie l’énumération. Il flétrit, avec la loi romaine, Accipere aut tueri conceptum est maximum ac præcipuum munus fæminarum, tout obstacle à la conception et à l’enfantement, et rend hommage sans réserve au précepte de la Genèse, Croissez et multipliez, et remplissez la terre.

Puis, posant en principe que l’accroissement possible de la population n’est pas l’accroissement naturel ; considérant en outre que Dieu n’a destiné qu’un seul homme à une seule femme, et vice versâ une seule femme pour un seul homme, ce qui, à ses yeux, constitue déjà une première et grande restriction, il s’attache à démontrer, par une masse d'autorités et de faits, 1o que la vie humaine se divise en un certain nombre de périodes déterminées, période de gestation, période d’allaitement, période de croissance, période de fécondité, période de vieillesse ; 2o que parmi ces périodes, celle de lactation embrasse trois années, pendant lesquelles il y a chez la femme qui nourrit stérilité naturelle par l’antagonisme des mamelles et de l’utérus. Enfin il conclut et affirme

  1. Solution du problème de la population et des subsistances, par Ch. Loudon. Paris, 1842.