à envisager le système en fait ; il a entrepris de le défendre en théorie. »
Théorie et pratique, pratique et théorie : voilà les points cardinaux de tous les raisonnements de M. Dunoyer. C’est son deus ex machinâ. Tous les jours les principes économiques sont démentis par les faits : pratique. Les faits accomplis en vertu des principes sont désastreux : théorie. En excusant perpétuellement la théorie par la pratique, et la pratique par la théorie, on finit par mettre le sens commun hors de cause, et l’arbitraire est certain d’avoir toujours raison.
Par quelle théorie donc M. Dunoyer a-t-il été conduit, sur la question prohibitive, à déserter la pratique propriétaire, et à se déclarer partisan de la communauté ?
« En fait, dit-il, dès l’époque où les relations commerciales ont commencé à prendre de l’activité, on a partout débuté par la prohibition des marchandises étrangères. »
Enregistrons d’abord ce fait, et notons que M. Dunoyer, défendant une théorie opposée aux faits, commence la justification de son communisme par une utopie. Quoi ! l’Académie des sciences morales et politiques, dans le rapport qu’elle a publié sur le concours relatif à l’association, s’est plaint que les concurrents eussent tenu trop peu de compte de l’histoire, et M. Dunoyer, auteur lui trentième de ce compte rendu, consacre sa vie à défendre un principe opposé à l’histoire ! L’histoire ne signifie donc plus rien, dès que l’on est académicien !
« Rien ne devait sembler si naturel et si permis que de repousser la concurrence étrangère : l’instinct cupide des populations, l’intérêt fiscal des gouvernements, les vivacités nationales, la peur, la haine, la jalousie, l’amour de la vengeance et des représailles, toutes sortes de mauvais sentiments devaient pousser à l’emploi de ce moyen, emploi qu’a su colorer après coup la sagacité naturelle de l’esprit humain, toujours habile à découvrir de bonnes raisons à l’appui des plus mauvaises causes. »
Voici le genre humain traité comme M. de Dombasles. M. de Dombasles se déclare prohibitionniste : c’est un génie tombé, digne des censures de l’Académie. Le genre humain a pensé sur le libre commerce autrement que M. Dunoyer : c’est une race de coquins, de flibustiers et de faussaires, dignes de tous les maux de la gabelle et de la douane.
M. Dunoyer, qu’il me permette de le lui dire, accorde trop