Après avoir assigné un maximum infranchissable à l’impôt, et tracé autour du gouvernement un cercle de Popilius, le point le plus important à régler sera de définir la nature, l’importance et l’utilité des services que la société attend de son gouvernement, c’est-à-dire tant de l’action centrale que de l’initiative des provinces, départements, districts, cercles et communes. Or, c’est de quoi se soucient en général fort peu les théoriciens et les praticiens de l’impôt. Les fonctions publiques sont établies par la tradition, la routine, le hasard ; ceux qui en sont revêtus, qui manient les fonds de l’État, tendent à étendre sans cesse leurs attributions. Non-seulement on exagère les travaux, les services, on multiplie le personnel, on élargit les cadres ; mais on empiète sur le domaine de l’industrie privée : par-dessus tout, on s’efforce de ramener toute espèce d’action publique à une direction centrale, unitaire. La fonctionomanie s’emparant des citoyens, la nation devient peu à peu complice de son gouvernement : si bien qu’à la fin, au lieu de contribuables, au lieu de citoyens, on n’a plus que des colons partiaires et des salariés de l’État.
L’expérience démontre que les frais généraux et le gaspillage des deniers publics croissent en raison de la centralisation politique et administrative.