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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/137

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inviolable puissance que nous avons reconnue comme l’égale de l’État, la Liberté, on ne saurait méconnaître que le hasard, les accidents de force majeure, y entrent aussi pour une forte part.

Dans ces conditions, il est clair que les services de l’État, profitant inégalement aux citoyens selon le degré de leurs fortunes respectives, et sans qu’il y ait absolument de leur faute, si l’impôt était payé par égales parts, d’après le système égalitaire de la capitation, il arriverait que les indigents recevraient moins que les riches pour une même quote-part de contribution.

Par exemple, l’un des services de l’État est d’entretenir les routes, ports et marchés. Celui qui exploite de vastes domaines, ou qui fait un grand commerce, prend une plus forte partie du service public que le simple salarié. Or, il n’est pas loisible à chacun d’exploiter de vastes domaines et de faire un grand commerce, pas plus que, du temps de Laïs, il n’était permis à tout le monde d’aller à Corinthe : il est donc juste que le plus avantagé paye davantage. En d’autres termes, l’impôt, d’après notre définition, à laquelle il faut toujours revenir, étant un échange entre les citoyens et l’État, la redevance par chacun doit être égale à sa participation.

De là l’idée que l’impôt, devant être payé par chacun, 1o en raison de sa personne, 2o en raison de ses facultés, doit être proportionnel à sa fortune : idée conforme au principe de l’échange, aux règles d’une comptabilité sévère, en un mot, aux lois de la justice.