Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/19

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duits du commerce, de l’industrie et sur tous les fruits du sol. Toutefois le noble hébreu, ne possédant que par concession du dieu, devra fournir aux frais du culte : la dîme est la quote-part à laquelle le Souverain céleste consent à limiter son droit de suzeraineté. Originairement le roi, chef de l’État, ne perçoit pas de contribution sur la propriété ; il n’a de revenu que celui de ses domaines : ce n’est que plus tard, quand la hiérarchie s’est constituée, et comme représentant de Dieu pour le temporel, que le roi s’arroge le domaine éminent sur les personnes et sur les choses. Ainsi se pose à la fin Louis XIV ; mais c’est justement aussi l’inverse de ce qu’a voulu la Révolution. La théocratie est la source du pouvoir absolu, de même que la liberté et l’égalité ont leur principe dans le droit de l’homme.

« Tout ce qui naîtra le premier parmi les hommes, dit Dieu dans la Bible, m’appartiendra, et même le premier parmi les animaux… Tu apporteras les premiers des fruits de la terre dans la maison de l’Éternel. »

Dieu partage ensuite avec les élus, ses ministres : « Ce qui restera du gâteau offert sera pour Aaron et ses fils. — On rachètera les premiers-nés des hommes, depuis l’âge d’un mois, moyennant cinq sicles d’argent… Pour ce qui est des enfants de Lévi, je leur ai donné pour héritage toutes les dîmes d’Israël, pour le service auquel ils sont employés. »

Voilà le principe de la rémunération des fonctionnaires publics, d’après le droit divin.

Dans le partage du butin, Moïse met à part un sur