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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/200

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Il y a des familles dont le revenu ne dépasse pas 600 fr. ; elles payent au fisc 1/6, soit 16.25 pour 100. — D’autres familles jouissent de 25,000 francs, de 50,000 francs de rente. Elles payent, d’après cette proportion décroissante, 1/250e, 1/500e de leur revenu.

C’est l’impôt progressif, c’est-à-dire progressant en raison géométrique dans le sens de la misère.

Voici qui met le comble à la déraison fiscale. On a beau distinguer la contribution en directe et en indirecte ; taxer la terre et le capital, voire même le revenu. En dernière analyse, l’impôt est acquitté par la masse.

La contribution des patentes, dit M. Passy, n’est qu’une avance faite par l’industriel à l’État, et dont il se recouvre à la vente de ses produits. Même observation pour les taxes de consommation : le détaillant qui paye à l’octroi ou à l’administration des droits réunis une somme au moment de l’emmagasinage des marchandises fait entrer son débours dans le prix de la denrée, et se rembourse sur le consommateur à chaque vente qu’il fait. Quelquefois les choses se passent plus ouvertement encore : c’est ainsi que le gouvernement français ayant porté au double décime la taxe sur les transports à grande vitesse des chemins de fer, lors de l’expédition de Crimée, les compagnies haussèrent immédiatement d’autant leurs tarifs. Le propriétaire de maison en use de même avec ses locataires : quand le fisc augmente sa contribution d’un dixième, il augmente ses loyers d’une fraction proportionnelle.