Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/204

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pelez-vous frugalité ? Nous avons montré à propos de l’impôt somptuaire que, selon les temps, tout peut être dit nécessaire ou somptueux, à tour de rôle. Une maison de briques est un luxe dans un pays où il n’y a que des huttes de boue ; un toit en tuiles est un luxe au milieu de cinq cents toits de chaume, et restera luxe jusqu’au jour où la police, par motif de sécurité publique, proscrira le chaume et rendra la tuile obligatoire. N’est-il pas clair que l’économiste parle ici de l’abondance de sa philanthropie plutôt que de sa science ?

Enfin le gros mot est lâché : « J’irai plus loin, » ajoute Say, « et je ne craindrai pas de dire que l’impôt progressif est le seul équitable. » Et M. Joseph Garnier, dernier abréviateur des économistes, commente ainsi la parole du maître : « Les réformes doivent tendre à rétablir une égalité progressionnelle, si je puis ainsi dire, bien plus juste, bien plus équitable que la prétendue égalité de l’impôt, laquelle n’est qu’une monstrueuse inégalité. »

Au chapitre suivant, nous examinerons la valeur de ce fameux médicament, l’impôt progressif. Qu’il me soit permis de constater dès à présent combien messieurs les économistes de l’école officielle, qui depuis trente ans assourdissent le monde de leurs clameurs contre les socialistes, les utopistes, les réformateurs, les révolutionnaires, accusés par eux d’ignorer les éléments de la science, de vouloir mettre l’humanité sur un lit de Procuste et de faire violence à la nature : combien, dis-je, ces prétendus conservateurs de la