Ce qui prouve la justesse de cette observation, c’est l’obstination du capital accumulé par les bénéfices commerciaux et industriels à se convertir en capital foncier, malgré une diminution des deux cinquièmes et souvent de la moitié du revenu, malgré la concurrence que fait à ces amoureux de la terre l’ouvrier agricole qui, lui, cherche dans le sol qu’il cultive de ses propres mains bien moins une rente qu’un outil et la liberté.
Le principe de M. de Girardin eût-il donc pour effet, comme il est à présumer, d’éloigner des achats de terrain le capital passif, ou de simple placement, la concurrence des acquéreurs actifs suffirait à maintenir le haut prix des biens-fonds : or, admirez ici la moralité de l’impôt sur le capital. Il arriverait justement alors que ce serait le laboureur-propriétaire, l’homme de travail, celui qui du bout de l’année à l’autre incorpore à la terre sa sueur et son sang, qui, pour obtenir ce privilége de petite propriété, consent à payer cher et à faire tous les sacrifices, ce serait celui-là qui serait châtié par le fisc pour sa nonchalance, son inaction et son impéritie.
Mais qui ne voit que l’impôt sur le capital, qui se vante d’exonérer le travail et le salaire, réunirait au plus haut degré les inconvénients que nous avons signalés dans les différentes espèces d’impôts ? Qu’on taxe à 1 p. 100 les prêts hypothécaires ou chirographaires, le fisc atteindra sans nul doute ceux qui sont déjà consentis ; mais, à dater de la promulgation de la loi fiscale, le prêteur tiendra compte, dans la sti-