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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/245

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c’est l’impôt sur la personne subordonnée à la chose ; « c’est l’impôt sur le travail, le salaire et le nécessaire. « Ce qui est nécessaire à l’un, en raison même de la nature de son travail, n’est pas nécessaire à tel autre dont le travail est différent. Qui jugera, déterminera, appréciera le nécessaire ?

« L’impôt sur le revenu, sans détermination d’un minimum, ainsi qu’on l’a admis en Angleterre (3,250 fr.), c’est l’inégalité, c’est l’arbitraire, c’est l’exercice appliqué avec toutes ses vexations à l’immense nombre des salariés, qui ne gagnent tout juste que ce qu’il faut pour ne pas mourir de faim. »

Ces observations sont de toute vérité, et l’on ne peut leur refuser son adhésion. En effet, tous les économistes qui ont parlé d’imposer le revenu ont eu en vue le revenu brut, ce qui permet de taxer tous les citoyens sans distinction. Aussi les objections des adversaires conservent toute leur force ; c’est toujours l’inégalité, ainsi que nous allons le démontrer.

Avec l’impôt sur le revenu brut, proportionnel ou progressif, n’importe (nous savons à quoi nous en tenir sur l’efficacité de la progression), l’homme qui a 1,200 fr. de revenu ou de salaire payerait par exemple 120 fr., le dixième ; celui qui jouit de 12,000 fr. de rente, payerait 1,200 fr., selon le principe de proportionnalité, ou bien, d’après une progression calculée avec la modération que nous avons vue, et que rend inévitable l’ordre économique, 1,440 francs, soit 12 pour 100. Dans l’un comme dans l’autre cas, le premier prend sur son nécessaire, tandis que le se-