Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/28

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mêmes, trop craintifs, trop abrutis pour l’acheter : il les y force. — « Attendu, dit-il, que plusieurs, par mauvais conseils ou faute de bons avis, ne connaissent pas la grandeur du bienfait qui leur est accordé, » ordonne en conséquence à ses officiers de taxer les habitants suffisamment, et autant que leur condition et leurs richesses peuvent bonnement le souffrir.


L’impôt conçu comme remède à la fainéantise populaire.


Il faut le reconnaître, il existe dans les multitudes humaines une tendance à l’inertie qui les porte à ne travailler que juste pour le nécessaire, et, ce nécessaire strictement obtenu, leur fait préférer une pauvreté oisive à une aisance libérale. Cette disposition d’esprit a été observée chez tous les sauvages : elle se retrouve, à un degré notable, chez les civilisés.

Le Corse passe des mois entiers sur ses montagnes, dormant et vivant de châtaignes, qui ne lui coûtent rien. Le lazzarone qui a mangé sa polenta ne remuerait pas un sac pour tout l’or du monde : il faut attendre que l’appétit lui soit revenu. L’abondance, le gain trop facile rendent la multitude paresseuse et plus vile : qui n’a eu maintes fois, dans nos grandes villes, l’occasion de s’en apercevoir ?

Le remède à cette fainéantise, appliqué par les propriétaires d’esclaves, les seigneurs féodaux et les rois, est connu, c’est toujours le même : soustraire au travailleur une partie de son produit, de manière à le