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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/281

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pour organe et expression la Liberté. Développons cette proposition.

Sous le régime du droit divin, où la justice, réduite à ses éléments, n’existe pour ainsi dire qu’à l’état de mythe ; où la science économique est à peu près nulle, contredite même, dans ses parties essentielles, par les institutions ; où l’histoire, pour ceux qui la lisent, n’a guère plus de portée que la légende ; où la constitution politique est tout artificielle ; où la nation vit d’une vie factice et superstitieuse : sous un tel régime, une direction supérieure, appuyée sur une forte hiérarchie, semble nécessaire. L’État ne subsiste que par l’énergie de sa centralisation ; la société ne se meut que sous l’impulsion de l’autorité ; l’homme, la famille, la corporation, la commune, la nation tout entière, enfin, sont en pleine tutelle.

Là au contraire où la justice, plus approfondie, a établi et développé ses règles ; où la science a posé ses divisions ; où l’économie politique, en possession de ses principes, a commencé la démonstration de ses théorèmes ; où l’histoire, philosophiquement étudiée, fournit à l’homme d’État l’appoint de son expérience ; où l’État et la société, enfin, apparaissent comme un organisme qui a ses lois propres, indépendantes de l’arbitraire de l’homme, et hors desquelles tout décret du prince et toute raison d’État doivent être déclarés comme non avenus : il est clair que le gouvernement de la communauté ne requiert plus une direction aussi autocratique ; que la pensée dirigeante n’est plus en haut mais partout ; que pour une foule de choses