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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/289

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partient à la catégorie des phénomènes mobiles, indéfinissables, à double face, où le oui et le non, le blanc et le noir, le particulier et le général ne produisent de désordre que lorsqu’ils sont en combat, mais où l’harmonie résulte de l’opposition, dès que les contraires sont en équilibre. Là tout peut devenir indifféremment et tour à tour utile ou nuisible : cela dépend de l’intelligence des administrateurs, cela dépend surtout de l’idée qui les pousse.

Il est donc possible, il y a même lieu de croire que tout ce qui, à l’analyse, nous a paru si pernicieux, si redoutable, tout ce dont nous nous sommes si fort et non sans raison inquiétés, redeviendra pour nous instrument de justice et d’ordre ; bien mieux, il est certain, de par la loi des idées et des choses, que ce chancre dévorant que le peuple opprimé ne cesse de maudire sous les noms de fisc ou d’impôt, rétabli dans sa règle, doit se changer en un principe d’ordre, une garantie de bien-être et un agent de production. Cessons donc de nous effrayer, par exemple, de ce que l’impôt, au lieu de peser exclusivement sur celui qui le paye, se rejette en définitive sur la masse ; ne craignons d’employer ni l’impôt sur la consommation, ni l’impôt sur le revenu ; n’ayons pas peur d’appliquer même la progression. Toutes les formules peuvent servir à la justice et à l’égalité, dans un système qui aurait le droit économique pour base et l’égalité pour fin. Les mêmes facultés ont été données à l’homme libre et à l’homme esclave ; jamais il n’entra dans l’esprit de personne que l’esclave, rendu à la liberté, dût quitter