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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/304

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pas même qu’elle soit une marchandise, bien qu’elle soit un produit du travail, et que souvent elle soit elle-même traitée comme chose vénale. La monnaie, or, argent ou cuivre, frappée à l’image du prince, est l’instrument des échanges, le signe de la foi publique, et, attendu qu’elle est un produit du travail, formée d’une matière précieuse, elle est l’équivalent authentique de toutes les choses qui peuvent s’acheter et se vendre, l’unité de mesure des valeurs. Théoriquement, il répugne de faire de la monnaie une matière imposable : la pratique n’y serait pas moins contraire. Ce n’est pas dans son argent, ce n’est pas dans sa caisse que le fisc doit atteindre le capitaliste ; c’est dans son commerce, dans ses transactions, et de quelle manière ? En taxant la circulation, le prêt, la commandite ? En imposant au capitaliste une patente ?… Non. En prenant au-dessus de lui la direction du crédit public.

La Banque nationale, avec un capital composé du numéraire recouvré sur le public après émission de ses propres billets, faisant l’escompte des effets de commerce au taux de 3, 2, 1 pour 100, 1/2 pour 100 même, à volonté ; l’État, ayant payé ou remboursant sa dette, s’abstenant désormais d’emprunt : les capitaux disponibles se trouvent refoulés par cette haute concurrence vers les entreprises industrielles et agricoles, obligés de s’offrir à prix réduit, et conséquemment de rendre, sous une autre forme, à la propriété, ce que l’impôt a prélevé sur la rente. Rappelons-nous ce que nous avons dit tant de fois, que, dans la cir-