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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/306

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L’État, en livrant le crédit public à une exploitation de privilége, alors qu’il devrait tout au plus le confier à une compagnie fermière qui l’exploiterait au profit de la nation, l’État manque à ses devoirs envers le pays ; il est infidèle à son mandat tel qu’il a été défini par le droit moderne, et consistant à pousser les citoyens, en vertu de l’égalité des droits, à l’égalité des fortunes, et par l’égalité des fortunes à l’égalité de contribution. Mais nous sommes loin encore du temps où l’État ne sera plus que l’agent des intérêts généraux, le protecteur de la plèbe travailleuse, contre le débordement de l’exploitation usuraire et parasite…

Voici donc l’État chef et directeur du crédit public, comme il l’est de la justice. Quelle rémunération pour ce service lui sera allouée ?

Ce que je vais dire de l’impôt sur le crédit s’appliquant à tous les services reproductifs de l’État, je prie les honorables juges du concours de m’accorder, pendant une minute, un redoublement d’attention.

La dotation de l’État, que nous avons établie sur la rente foncière, étant fixée dans sa quotité, le travail de l’administration consistera uniquement à proportionner les autres natures de recette, de manière à parfaire le budget.

Ainsi, dans un État comme la France, où le budget normal ne devrait pas en temps de paix, et abstraction faite des dettes, dépasser 500 millions, soit le vingtième du revenu du pays, la rente foncière fournissant à elle seule les trois cinquièmes de cette somme, ce sont 200 millions qu’il reste à procurer.