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Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/328

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la consommation du pain, et je ne propose pas d’en créer. Le peuple s’imagine que le pain ne paye pas de contribution : laissons-lui son illusion. Mais le cultivateur paye l’impôt foncier, soit la rente ; le boulanger, le meunier, payent leurs patentes ; il y a des taxes de magasinage aux halles, il y en aura dans les entrepôts. Il faut que tout paye, le blé comme le reste ; il faut que le gouvernement, dans l’intérêt même de la consommation du peuple, sache ce qui se produit et ce qui se consomme de céréales ; sans cela il ne parviendra pas à établir sa mercuriale. Ce que le blé peut payer de droit aux entrepôts n’est rien en comparaison des bénéfices que prélèvent sur le pain, à la faveur de l’anarchie mercantile, les spéculateurs sur les grains, dont les difficultés du moment ne me permettent pas de dire aujourd’hui tout ce que je pense.

Laissons subsister l’impôt du sel, la vieille et odieuse gabelle. L’exorbitance des budgets l’a rendue monstrueuse : réduite des neuf dixièmes, elle ne se sentirait plus. Il faut que le peuple et ses tribuns apprennent enfin que ce n’est pas à l’administration fiscale qu’ils doivent adresser leurs plaintes ; c’est à l’esprit même qui anime le gouvernement, à sa politique, à ce système, tantôt de concession sans mesure, tantôt d’envahissement sans frein, dans lequel, par l’antagonisme des partis et des intérêts, et de temps immémorial, il est ballotté.

Ne nous gendarmons pas contre ces fameux droits réunis, dont le malheureux Charles X eut le tort de