rien, me reproche d’abord de n’avoir en Économie politique que des notions superficielles.
Le reproche n’est certes pas dénué de fondement. Mais à qui la faute ? Est-ce que la science économique est faite pour M. Cherbuliez ? Est-ce que lui, par hasard, se flatterait de la posséder ? En ce cas il rendrait au monde un signalé service, et sa gloire serait grande, s’il daignait révéler à ses contemporains ce qu’il en a appris. L’économie politique a-t-elle trouvé ses principes, ses définitions, sa méthode ? L’économie politique peut-elle se vanter d’avoir jusqu’ici démontré quoi que ce soit ? Peut-elle citer une suite de vérités positives, irréfragables, entrées dans la raison publique et dans le droit ? Non, l’économie politique, science promise, mais non pas encore science conquise, n’a rien, presque rien de ce qui constitue le savoir certain, le vrai savoir. Elle abonde en matériaux, elle fourmille d’hypothèses ; elle n’a pas encore produit ses théorèmes. On n’a pas même su en déterminer clairement l’objet, la circonscription, le caractère. Depuis un siècle, cette science s’élabore, et ce qu’on en a recueilli de plus clair jusqu’à ce jour, ce sont ses contradictions. M. Cherbuliez, par exemple, qui enseigne l’économie politique à la jeunesse, et qui juge d’assez haut les concours, serait-il en mesure de fournir seulement une définition du capital ? Je vais plus loin : M. Cherbuliez saurait-il nous dire si l’économie politique est ou n’est pas susceptible de définitions ? Oserait-il se prononcer pour oui ou pour non ? Si l’économie politique, comme la géométrie pratique, a des définitions, qu’il les donne ! Si elle n’en a pas et n’en peut avoir, qu’il veuille bien nous expliquer pourquoi ! Qu’est-ce qu’une science dont la certitude reposerait sur des indéfinissables ? Que M. Cherbuliez essaye de lever ce seul doute, et je ne crois pas trop m’aventurer que de le lui dire : La science est faite, qui plus est elle lui appartient.