Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/42

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les communes, de charger le pays d’une dette de vingt milliards ? Et quelle histoire scandaleuse que celle de son parlement, de ses bourgs pourris ! Quelle plaie que son paupérisme !

Le principe théocratique et féodal de l’impôt, dans sa forme primitive, n’existe plus que dans deux États, en Turquie et à Rome. Cela se comprend : le sultan et le pape sont à la fois chefs d’États et chefs de religions. Or, admirez l’effet de ce cumul.

En Turquie, quatre siècles d’occupation, de soumission de la part des chrétiens, de cohabitation des vainqueurs et des vaincus, n’ont pu créer une unité nationale. Comme au lendemain de la prise de Constantinople, le musulman est toujours le maître et seigneur du pays, et le raïa, le plébéien taillable et corvéable, soumis au système des razzias, molesté dans sa personne et dans tout ce qu’il possède, au gré du vrai croyant. Des révélations toutes récentes sur les finances turques ont signalé des gaspillages, des abus organiques, inhérents à la constitution de l’empire, qu’on retrouve en Perse, dans l’Inde, et que l’on ne saurait comparer aux désordres éventuels et susceptibles de répressions pénales dont on a parlé en Autriche, en Russie et ailleurs.

Quant au gouvernement papal, les plus grands périls ne sauraient le faire dévier, non plus que le gouvernement du sultan. De sa nature, divin il est, et divin il restera jusqu’au dernier soupir. Son système, émané de sa foi, et que suivent fidèlement tous les établissements catholiques du monde, couvents, so-