Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/45

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son produit, moins ce qui lui est absolument indispensable pour subsister. Si le seigneur lui concède davantage, c’est pure gracieuseté de sa part, et à titre d’encouragement. Ne perdons jamais cela de vue, réformateurs.

Maintenant ces idées sont partout changées. Une grande révolution s’est opérée parmi les nations chrétiennes : la souveraineté, qui auparavant résidait dans le prince, seigneur ou prélat, a été transportée à la masse. Mais le gouvernement, l’État, bien qu’ayant virtuellement changé de mains, n’en consomme pas un centime de moins pour cela ; souvent même sa dépense ne fait que s’accroître. Il s’agit de subvenir d’une manière plus équitable à ses dépenses, aux frais généraux de la société. Comment la nation émancipée va-t-elle s’y prendre ?

En autres termes, nous avons vu ce qu’est l’impôt sous le régime du droit divin : que doit-il être, à cette heure, sous le régime du droit de l’homme ?

Depuis plus d’un siècle les savants économistes se sont livrés à cette recherche ; il n’est pas à ma connaissance que de leurs profondes élucubrations il soit sorti une réponse nette et décisive. MM. les conseillers d’État du canton de Vaud ont assisté aux discussions du congrès qui s’est tenu récemment à Lausanne : qu’ont-ils appris qu’ils ne sussent auparavant ? Quelle difficulté, dès longtemps aperçue, a été levée par le congrès ? Tous les vices de l’impôt ont été reconnus, analysés, rapportés à leur cause : il est difficile de croire que ceux qui ont si judicieusement dévoilé le