Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/47

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payent la même contribution. Tant et si bien la Révolution a opéré, depuis trois quarts de siècle, sur le vieux monde féodal.

L’impôt n’est pas une redevance : il n’y a plus de main-morte, et l’on ne saurait assimiler la situation des Français ou des Suisses, par exemple, vis-à-vis de leurs gouvernements respectifs, à celle des serfs de Russie, actuellement émancipés, envers leurs nobles, ou de la nation française redevenue propriétaire des biens de l’Église envers son clergé. Le budget ecclésiastique en France est considéré comme une redevance ou indemnité de la propriété ecclésiastique. Pareillement, les serfs russes, ayant obtenu leur liberté par une concession spontanée du tsar, d’accord avec la noblesse, devront payer, pendant un certain temps, à la noblesse, une indemnité ou redevance. Or, ce n’est pas du tout ce que nous entendons par l’impôt.

L’impôt n’est pas un loyer, ce qui serait rentrer dans le droit théocratique, accorder à l’État, considéré comme personne distincte de la nation, un droit antérieur et supérieur à la nation elle-même. L’État n’est autre chose que la nation organisée politiquement ; elle seule est souveraine et propriétaire.

L’impôt n’est pas un honoraire, une sorte de prime ou émolument accordé au prince, à titre de fondateur, d’initiateur et de directeur de la nation, comme cela se pratique dans les sociétés anonymes, et comme l’usage s’en est maintenu, sous le nom de liste civile, dans les monarchies constitutionnelles. La nation n’a