Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/53

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pour articles de foi, il faudrait encore se résigner à le voir traiter, en ce qui concerne l’impôt, non pas selon le respect qu’impose la puissance, mais selon la rigueur de la comptabilité (B).

Observons d’abord que l’État n’est pas seul de son espèce. Il existe au-dessous de lui de vastes corporations que l’on peut fort bien considérer comme de petits États dans l’État, et qui, organisées pour certains intérêts, ont aussi leurs recettes et leurs dépenses, en un mot leur budget. La loi qui les régit est absolument la même que celle qui doit régir l’État.

Autrefois les maîtrises, jurandes et corporations du système féodal étaient de petites oligarchies fédératives, tourmentées de l’esprit d’exclusion et de monopole qui caractérise leur époque, et ne songeant qu’à s’assurer contre le risque de révolution, comme dit M. de Girardin. Ces fédérations avaient une caisse, des fonds, au moyen desquels elles pourvoyaient à la commune défense. De nos jours, les professions privilégiées, notaires, avoués, huissiers, imprimeurs, se sont constitué des chambres syndicales. Les gens de lettres, les auteurs dramatiques, ont leurs comités pour la défense des droits de tous et de chaque sociétaire. Les chambres consultatives de l’agriculture et du commerce, des arts et manufactures, représentent des intérêts collectifs au sein de la grande collectivité. Toutes ces institutions sont de petits États spécialisés, gouvernements éminemment démocratiques quant à leur forme et à leur origine, mais que travaillent à la fois et les influences aristocratiques et l’indiscipline