Page:Proudhon - Théorie de l impôt, Dentu, 1861.djvu/92

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L’illustre historien en parlait d’expérience : il s’y est embourbé plus d’une fois. En effet, l’Économie politique, qui n’attend que le concours de quelques hommes affranchis de tout respect humain comme de tout préjugé pour devenir une science positive, a été depuis vingt ans le refuge d’une foule de lettrés qui, ne se sentant pas le talent d’écrire l’histoire, le roman, de faire du drame ou de la critique, dégoûtés de la politique et de la philosophie, se sont mis à rédiger des prospectus de compagnies, des comptes rendus d’actionnaires, des mémoires de banqueroutiers, des réclames d’agioteurs, des descriptions de docks, de pénitenciers, de salles d’asile, etc. La Bourse, les chemins de fer, le libre échange, les brevets d’invention, les expositions de l’industrie, le paupérisme et l’impôt, l’agriculture et la pisciculture, tout ce qui touche au monde des intérêts, enfin, est devenu pour eux un genre : genre d’autant plus facile, en vérité, que, dans l’état des esprits, car je ne saurais dire des connaissances, l’Économie politique ne possède pas de principes, pas de définitions, pas de méthode ; qu’il n’y a rien de certain, et qu’on peut soutenir avec un égal avantage toutes les thèses.

La littérature économique va donc du côté où la pousse le vent. Depuis le rétablissement de l’empire, par exemple, la mode est à l’unité. L’impôt multiple embarrasse ; la contradiction des faits scandalise : on voudrait tout ramener à l’unité. L’unité, pour ces économistes de passage, est devenue un lit de Procuste. Un décret impérial, et que tout soit dit ! L’ordre exis-