Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/171

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de toutes les découvertes de la science afin de soutenir la concurrence des grandes exploitations ; mais c’est ce qui ne peut avoir lieu qu’en associant les petites propriétés ; ce qui est revenir en fait à la possession slave, et renoncer à ce qu’a de plus attrayant la propriété, la libre et absolue disposition. C’est l’objection que je faisais, il y a vingt ans, aux disciples de Fourier, qui prétendaient conserver au phalanstère la propriété.

Troisième abus, plus grave encore que les précédents, attendu qu’il intéresse à la fois l’économie publique et la morale : la propriété a trouvé moyen de séparer, dans l’exploitation agricole, le produit net du produit brut. Cette séparation a amené le divorce de l’homme et de la terre, et fait de celle-ci un objet d’agiotage, j’ai presque dit de prostitution.

C’est ici que la propriété paraît décidément inférieure à la tenure féodale, et je n’ai jamais pu concevoir comment les économistes, dénonçant et combattant tous les abus, protestant contre le morcellement, la routine et les mauvaises méthodes, prêchant au propriétaire l’amour du sol, et la résidence, et le travail, faisant du reste bon marché de la politique, comment, dis-je, ils peuvent se prétendre partisans de la propriété. C’est sans doute une bonne chose que la rente pour celui qui la consomme et qui ne prend aucune part au labeur agricole : mais ce qu’il n’est pas aussi aisé d’admettre, c’est que le pays et les mœurs s’en trouvent également bien. Le christianisme avait aboli l’esclavage ; la Révolution a supprime les privilèges