Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/221

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Pour suivre la vérité dans les régions de plus en plus élevées où elle nous appelle, il faut au penseur, comme au physicien, à l’astronome, le supplément d’une instrumentation dont le vulgaire ne se doute pas.

La théorie de la LIBERTÉ (de la Justice dans la Révolution et dans l’Église, 8e étude) m’avait en outre appris que l’absolu, à l’égard duquel j’ai déclaré toute recherche directe interdite, absurde même (Ibid., 7e étude), intervient néanmoins comme.acteur dans les affaires humaines, aussi bien que dans la logique et la métaphysique. J’avais enfin en mainte occasion de remarquer que les maximes de la Raison générale, qui finissent par s’imposer à la Raison particulière, sont souvent l’inverse de celles que nous donne celle-ci : en sorte qu’il pouvait très bien se faire que la société fût gouvernée par des règles toutes différentes de celles indiquées par ce qu’on a l’habitude d’appeler sens commun. De ce moment la propriété, qui ne m’était apparue d’abord que dans une sorte de pénombre, fut pour moi complètement éclairée ; je compris que, telle que me l’avait livrée la critique, avec cette nature absolutiste, abusive, anarchique, rapace, libidineuse, qui de tout temps avait fait le scandale des moralistes, telle elle devait être transportée dans le système social, où une transfiguration l’attendait.

Ces explications étaient indispensables pour faire bien comprendre comment la négation théorique de la propriété était le préliminaire obligé de sa confirmation