Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/40

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et que le nombre de ces compagnons doit être réduit de 1,000 à 990 ; ce qui sort de l’hypothèse.

J’ai donc eu le droit d’affirmer que l’inégalité des salaires entre les travailleurs d’une même profession n’est possible, lorsqu’ils sont en nombre normal, que si quelques-uns d’entre eux ne veulent pas ou ne peuvent pas suffire à la commande totale divisée par ce nombre. S’ils ne le veulent pas, s’ils se contentent d’un salaire inférieur, la justice est satisfaite. S’ils ne le peuvent pas, s’ils sont incapables de gagner, dans la profession qu’ils ont embrassée, un salaire à peu près égal à celui des autres, ce sont ou des infirmes, ou des travailleurs mal classés.

Les infirmes, c’est-à-dire ceux qui sont nés ou qui sont devenus incapables de gagner, non pas seulement dans une ou plusieurs professions, — auquel cas ils ne seraient que des travailleurs mal classés, — mais dans toutes, un salaire approximativement égal à celui des autres, doivent être indemnisés par l’assurance mutuelle contre le risque d’infirmité, au moyen de primes payées par les pères de famille pour leurs enfants nés ou à naître, et par les travailleurs pour eux-mêmes. Avec le principe de mutualité, qui a toujours été le mien, et qui défie toutes les attaques, parce qu’il est un corollaire de la justice, la charité est inutile, ou, si l’on aime mieux, elle est redevenue justice, en étant organisée d’une manière intelligente et intelligible.

Les travailleurs mal classés n’attestent qu’une chose : la mauvaise organisation de la société et de l’enseignement professionnel. Lorsqu’ils sont, très nombreux,