Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/76

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ange, observe-t-il. — Pardieu, âme grossière, on le sait bien : tu es un ogre. »

Ai-je besoin de me disculper d’avoir prêché la spoliation du génie ? De quoi s’agit-il au fond ? De rémunérer l’écrivain, l’artiste, le savant, le juge ?

Point du tout. Il s’agit de propriété, de domaine : qu’on ne perde pas de vue la question. Or la propriété, même foncière, est gratuite ; elle est d’institution politique, non économique ; elle a pour but de contenir le gouvernement, non de récompenser le propriétaire d’aucun service rendu. La rémunération des produits jadis qualifiés par l’école d’immatériels est soumise aux mêmes lois que celle de la production agricole ou industrielle.

« L’œuvre de l’écrivain est, comme la récolte du paysan, un produit. Remontant aux principes de cette production, nous arrivons à deux termes de la combinaison desquels est résulté le produit : d’un côté le travail ; de l’autre un fonds, qui pour le cultivateur est le monde physique, la terre ; peur l’homme de lettres le monde intellectuel, l’esprit… Je m’empare de la distinction si nettement établie entre le produit agricole et la PROPRIÉTÉ foncière, et je dis : Je vois bien, en ce qui concerne l’écrivain, le produit ; mais où est la propriété ? où peut-elle être ? sur quel fonds allons-nous l’établir ? allons-nous partager le monde de J’esprit à l’instar du monde terrestre ? »

La question de propriété, étrangère à une idée de rémunération quelconque, une fois écartée du débat, que reste-t-il ? La question, beaucoup plus modeste, des