Page:Proust - Contre Sainte-Beuve, 1954.djvu/313

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comme une ancolie, quand celle de France rayonnante, épanouie et lisse est comme une rose de France.

  Et parce que cette réalité véritable est intérieure, peut se dégager d’une impression connue, même frivole ou mondaine, quand elle est à une certaine profondeur et libérée de ces apparences, pour cette raison je ne fais aucune différence entre l’art élevé, qui ne s’occupe pas que de l’amour, à nobles idées, et l’art immoral ou futile, ceux qui font la psychologie d’un savant ou d’un saint plutôt que d’un homme du monde. D’ailleurs dans tout ce qui est du caractère et des passions, des réflexes, il n’y a pas de différence  ; le caractère est le même pour les deux, comme les poumons et les os, et le physiologiste pour démontrer les grandes lois de la circulation du sang ne se soucie pas que les viscères aient été extraits du corps d’un artiste ou d’un boutiquier. Peut-être quand nous aurons affaire à un artiste véritable, qui ayant brisé les apparences sera descendu à la profondeur de la vie véritable, pourrons-nous alors, comme il y aura œuvre d’art, nous intéresser davantage à une œuvre mettant en jeu des problèmes plus étendus. Mais d’abord qu’il y ait profondeur,