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V

L’ARTICLE DANS « LE FIGARO »


Je fermai les yeux en attendant le jour. Je pensai à cet article que j’avais envoyé il y a longtemps déjà au Figaro. J’avais même corrigé les épreuves. Tous les matins, en ouvrant le journal, j’espérais le trouver. Depuis plusieurs jours, j’avais cessé d’espérer et je me demandais si on les refusait tous ainsi. Bientôt j’entendis tout le monde se lever. Maman ne tarderait pas à entrer dans ma chambre, car déjà je ne dormais que le jour et on me disait bonsoir après le courrier. Je rouvris les yeux, le jour avait paru. On entra dans ma chambre. Bientôt Maman entra aussi. Il n’y avait jamais besoin d’hésiter, quand on voulait comprendre ce qu’elle faisait. Comme pendant toute sa vie elle n’a jamais pensé une fois à elle, et comme le seul but de ses plus petites actions comme de ses plus grandes a été notre bien