cher de donner libre cours à sa germanophilie qu’à ses autres penchants tout en niant l’une comme les autres : « D’ailleurs j’ajoute que j’admire autant les Allemands qui montent dans des gothas. Et sur des zeppelins, pensez le courage qu’il faut. Mais ce sont des héros tout simplement. Qu’est-ce que ça peut faire que ce soit sur des civils qu’ils lancent leurs bombes puisque ces batteries tirent sur eux ? Est-ce que vous avez peur des gothas et du canon ? » J’avouai que non et peut-être je me trompais. Sans doute ma paresse m’ayant donné l’habitude, pour mon travail, de le remettre jour par jour au lendemain, je me figurais qu’il pouvait en être de même pour la mort. Comment aurait-on peur d’un canon dont on est persuadé qu’il ne vous frappera pas ce jour-là ? D’ailleurs formées isolément, ces idées de bombes lancées, de mort possible n’ajoutèrent pour moi rien de tragique à l’image que je me faisais du passage des aéronefs allemands jusqu’à ce que j’eusse vu de l’un d’eux ballotté, segmenté à mes regards par les flots de brume d’un ciel agité, d’un aéroplane que, bien que je le susse meurtrier, je n’imaginais que stellaire et céleste, j’eusse vu un soir le geste de la bombe lancée vers nous. Car la réalité originale d’un danger n’est perçue que de cette chose nouvelle, irréductible à ce qu’on sait déjà, qui s’appelle une impression et qui est souvent, comme ce fut le cas là, résumée par une ligne, une ligne qui découvrait une intention, une ligne où il y avait la puissance latente d’un accomplissement qui la déformait, tandis que sur le pont de la Concorde, autour de l’aéroplane menaçant et tragique, et comme si s’étaient reflétées dans les nuages les fontaines des Champs-Élysées, de la place de la Concorde et des Tuileries, les jets d’eau lumineux des projecteurs s’infléchissaient dans le ciel, lignes pleines d’intentions aussi, d’intentions prévoyantes et protectrices, d’hommes puissants et sages auxquels, comme la nuit au
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