« Mais si, aimant les créatures qui sont comme vous-mêmes, vous sentez que vous aimeriez encore plus chèrement des créatures meilleures que vous-mêmes si elles vous étaient révélées ; si, vous efforçant de tout votre pouvoir d’améliorer ce qui est mal près de vous et autour de vous, vous aimiez à penser au jour où le juge de toute la terre rendra tout juste[1]
- ↑ Genèse, XVIII, 23.
Augures comme assimilable à l’Institution bénédictine, la dévotion à Hercule comme équivalente à la dévotion à saint Jérôme, etc., etc.
Mais du moment que la religion chrétienne différait peu de la
religion grecque (idée : « plutôt qu’à un changement amené
par le christianisme dans l’idée de la vertu et du bonheur humains »)
Ruskin n’avait pas besoin, au point de vue logique, de séparer si
fortement la religion et la morale. Aussi il y a dans cette nouvelle
idée, si même c’est la première qui a conduit Ruskin à elle, quelque
chose de plus. Et c’est une de ces vues assez particulières à Ruskin,
qui ne sont pas proprement philosophiques et qui ne se rattachent
à aucun système, qui, aux yeux du raisonnement purement logique
peuvent paraître fausses, mais qui frappent aussitôt toute personne
capable à la couleur particulière d’une idée de deviner, comme
ferait un pêcheur pour les eaux, sa profondeur. Je citerai dans ce
genre parmi les idées de Ruskin, qui peuvent paraître les plus
surannées aux esprits banals, incapables d’en comprendre le vrai
sens et d’en éprouver la vérité, celle qui tient la liberté pour funeste
à l’artiste, et l’obéissance et le respect pour essentiels, celle qui
fait de la mémoire l’organe intellectuel le plus utile à l’artiste, etc., etc.
Si on voulait essayer de retrouver l’enchaînement souterrain, la
racine commune d’idées si éloignées les unes des autres, dans
l’œuvre de Ruskin, et peut-être aussi peu liées dans son esprit,
je n’ai pas besoin de dire que l’idée notée au bas des pages 212, 213
et 214 à propos de « je suis le seul auteur à penser avec Hérodote »
est une simple modalité de « Horace est pieux comme Milton »,
idée qui n’est elle-même qu’un pendant des idées esthétiques
analysées dans la note des pages 244, 245, 246. « Cette coupole est
uniquement un vase grec, cette Salomé une canéphore, ce chérubin
une Harpie », etc.