Page:Proust - Pastiches et Mélanges, 1921.djvu/48

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gneur, un lord anglais, comme dit l’autre (mais non, madame, tous les lords sont Anglais, donc un lord anglais est un pléonasme ; ne recommencez pas, personne ne vous a entendue), jure que Lemoine a vraiment découvert la pierre philosophale. On ne peut pas plus marcher que nous ne marchons. Patatras ! voilà les bijoutiers qui reconnaissent dans les diamants de Lemoine des pierres qu’ils lui ont vendues et qui viennent précisément de la mine de Werner. Un peu gros, cela. Les diamants ont encore les marques qu’y avaient mises les bijoutiers. De plus en plus gros :

Au diamant marqué qui sort ainsi du four,
Je ne reconnais plus l’auteur de le Détour.

Lemoine est arrêté, Werner redemande son argent, le lord anglais ne dit plus mot ; du coup, nous ne marchons plus, et comme toujours, en pareil cas, nous sommes furieux d’avoir marché et nous passons notre mauvaise humeur sur… Parbleu ! l’auteur est là pour quelque chose, je pense. Werner aussitôt demande au juge de faire saisir l’enveloppe où est le fameux secret. Le juge y consent immédiatement. Personne de plus aimable que ce juge. Mais l’avocat de Lemoine dit au juge que la chose est illégale. Le juge renonce aussitôt ; personne de plus versatile que ce juge. Quant à Lemoine, il veut absolument aller se balader avec le juge, les avocats, les experts, etc., jusqu’à Amiens où est son usine, pour leur prouver qu’il sait faire du diamant. Et chaque fois que le juge aimable et versatile lui répète qu’il a escroqué Werner, Lemoine répond : « Laissons ce