fois des chœurs en se tenant par la main, écouter chanter le rossignol, voir se lever l’étoile du berger, tels étaient sans doute les plaisirs auxquels Lemoine comptait convier les honorables MM. Le Poittevin, Bordas et consorts, plaisirs d’une race vraiment idéaliste, où tout finit par des chansons, où dès la fin du dix-neuvième siècle la légère ivresse du vin de Champagne paraît trop grossière encore, où l’on ne demande plus la gaieté qu’à la vapeur qui, de profondeurs parfois incalculables, monte à la surface d’une source faiblement minéralisée.
Le nom de Lemoine ne doit pas d’ailleurs nous donner l’idée d’une de ces sévères obédiences ecclésiastiques qui l’eussent rendu lui-même peu accessible à ces impressions d’une poésie enchanteresse. Ce n’était probablement qu’un surnom, comme on en portait souvent alors, peut-être un simple sobriquet que les manières réservées du jeune savant, sa vie peu adonnée aux dissipations mondaines, avaient tout naturellement amené sur les lèvres des personnes frivoles. Au reste il ne semble pas que nous devions attacher beaucoup d’importance à ces surnoms, dont plusieurs paraissent avoir été choisis au hasard, probablement pour distinguer deux personnes qui sans cela eussent risqué d’être confondues. La plus légère nuance, une distinction parfois tout à fait oiseuse, conviennent alors parfaitement au but que l’on se propose. La simple épithète d’aîné, de cadet, ajoutée à un même nom, semblait suffisante. Il est souvent question dans les documents de cette époque d’un certain Coquelin aîné qui paraît avoir été une sorte de personnage proconsulaire, peut-être un riche administrateur à la manière de