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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/120

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nait-il dans cette église ? Lui qui n’avait pour ainsi dire jamais assisté à une messe, qui ne connaissait pas même son catéchisme. Sans doute, c’était désœuvrement de soldat, ennui d’une longue journée qu’il faudra tuer. Mais le jeune homme adressait, lui aussi, sa prière aux puissances formidables du Destin. Écoutons ce que disait son cœur dans l’église de Cherbourg :

« Ô mon Dieu, donnez-moi le courage et la vaillance, et donnez-moi la grâce, l’élégance aisée de mon capitaine, lorsqu’il paraît à cheval dans la cour de notre quartier. Donnez-moi la vigueur du corps et la patience de l’âme. Faites que je trouve beau ce qui paraît mesquin aux autres hommes, et faites que j’aie la foi des soldats, Dieu des armées ! Ah ! si vraiment vous êtes là, dans cette hostie, daignez voir que je ne suis pas mauvais et que, moi aussi, je suis digne de mourir pour une idée. Envoyez-moi dans les pays lointains des Infidèles, sur des champs de bataille ensoleillés, et donnez-moi alors la tranquille bravoure des vieux soldats. Faites que je sois fort, et que je tue beaucoup d’ennemis, et que j’aille ensuite par les déserts, sur des chameaux,